mercredi

L.F.DESTOUCHES

"On est parti dans la vie avec les conseils des parents. Ils n'ont pas tenu devant l'existence. On est tombés dans les salades qu'étaient plus affreuses l'une que l'autre. On est sorti comme on a pu de ces conflagrations funestes,  plutôt de traviole, tout crabe baveux, à reculons, pattes en moins. On s'est bien marrés quelque fois, faut être juste,  même avec la merde, mais toujours en proie d'inquiétude que les vacheries recommenceraient ... Et toujours elles ont recommencé ... Rappelons-nous ! On parle souvent des illusions qu'elles perdent la jeunesse.  On l'a perdu sans illusions la jeunesse !... Encore des histoires !..."


Ferdinand il aime Marianne, qui n'aime personne. Alors du coup, il s'en va, avec elle, sous sa belle lumière rouge, lumière chaude. Il y voit rien le bougre, il voit pas le sang, la haine et la mort. Il voit rien, Ferdinand, parce qu'il est perdu dans ses idées. Et puis il devient Pierrot, Pierrot le fou, celui que Marianne aime, aime bien. Il se trouve perdu, entre lui et lui. Entre le bleu et le rouge, entre la réalité et la beauté.Alors forcément, quand on se joue de lui, il rigole pas trop, Pierrot, il tire partout, sans réfléchir, sur Marianne, sur son ami, sur lui-même. Quand il a fini, il appel une dernière fois la vraie vie, toute tristoune, toute fade, et il décide de faire sauter sa petite tête bleue, pour rejoindre ce qu'il croit être l'éternité. Il n'y avait finalement pas assez de beauté dans ce petit corps tout rouge, pour survivre sur cette Terre toute bleue.
       

Et je m'suis réveillé .. .

No Country for Old Men c'est l'histoire d'Ed Tom (qui n'est pas le cousin de Ed Banger soit dit en passant). Ed Tom c'est un fils de fils de policier qui est policier, mais un policier qui a plus de classe que les nôtres à nous. Déjà parce qu'il a joué dans Men In Black, et puis aussi parce qu'il monte à cheval avec un uniforme beige et une étoile comme les shérifs de Lucky Luke. Non, en vrai, Ed Tom, il rigole pas, pas souvent.
J'sais pas si on peut dire que c'est de l'ennui, ou de la lassitude, non, c'est plus, de l'incompréhension. Tom il est paumé, alors il observe, parle peu, et quand il le fait, c'est avec une certaine distance envers ses camarades. Il est comme ça Tommy, il est plus sûr de rien, alors il doute, il doute des gens, des gens d'aujourd'hui, des raisons qui les poussent à agir, des bêtises de leur discours. C'est juste un brave gars, qui a vu tellement de choses qu'il sait plus où il en est devant tant de folie. On pourrait croire qu'il a rien compris, Tom, et que c'est pour ça qu'il se tait. Que neni, Tom, s'il la ferme si souvent, c'est parce qu'il a trop compris les insignifiances que les gens disaient à longueur de journée, alors il essaye lui, de pas en rajouter. Il économise ses mots.

C'est un peu ça qui est touchant, dans No Country, on parle pas beaucoup. Et quand on parle, c'est souvent pour dire des âneries, et Javier Bardem il aime pas, quand on dit des âneries. Alors voilà, se taire devient la règle essentielle, arrêter de vouloir avoir raison, de vouloir se prouver dieusaitquoi et le prouver aux autres. Ce qui en devient criant c'est à quel point quand les gens parlent, ils se parlent à eux-mêmes. Quand on se tait, même un tout petit instant, on peut enfin écouter l'autre, et le comprendre, ou du moins, essayer.

Nous voilà en face d'une bande de lascars qui ne comprennent pas grand chose de ce qui leur arrive, alors ils écoutent, avancent, mais c'est sans grand intérêt. Il faut accepter à un moment, que l'on ne puisse pas tout maîtriser, et que rien ne sert de courir.

lundi

C'est une mer toute sombre, toute noire, noire de l'amour qu'on ne lui a pas donné, noire des reproches qu'on lui a fait, noire des mots qu'on a oublié. C'est une mer qui goutte à goutte ronge les rivages, ne veut plus de ce sale ménage.
Elle voudrait s'en aller, s'évaporer, mais il y a ses bateaux, ses petits bateaux qui doivent naviguer avec elle. Alors elle reste là, pour eux, et doucement, elle s'apaise, elle se calme, on y voit son reflet dans ses grands yeux humides, on entend le doux bruit des vagues qui cassent le silence trop lourd de l'été, on navigue les yeux fermés.
L'écume de cet amour sur lequel elle vient nous porter, et on aperçoit, parfois, l'esquisse d'un sourire au fond de ce visage bleuté.
La vie, c'est comme une petite couche de connerie, qui se dépose lentement sur toi, année après année.
À tel point qu'un beau jour, tu ne vois plus rien d'autre que ton reflet dans ta connerie.
On finira tous aveuglés, par ce pauvre reflet qu'on trouve en face de nous, ce couillon que l'on ose pas regarder et que l'on fuit, même.
C'est un drôle de truc en somme, la vie.

mardi

Il est toujours trop tard pour réaliser, il est toujours trop tard pour freiner. Lorsque l'on garde les yeux fermés.

Tout cassé. C'est plus facile que ce que l'on croit, foncer droit devant, dans le mur. Beaucoup de personnes le font ordinairement sans même le soupçonner. Il faut croire que je voulais le décider, pour une fois, être maître de cette grande mascarade.
Le choc. La fumée. Rien n'a changé. Ou presque. Débilité.
Désormais je baisse les yeux. Oh pas pour ne plus y penser, non. Simplement pour regarder mes petits pieds, et me rappeler que même si ils ne savent pas où aller, ils continuent tout de même, à avancer.

J'ai un problème, mon fils est né.


C'est un petit bateau,
Qui lorsqu'il fait trop beau,
Se met à pleurer pour faire de l'eau,
De l'eau salée, où personne ne peut venir le retrouver.

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